Articles de la catégorie Récit de vie


A quoi tient la force du souvenir ? pourquoi refuse -t-il de s’effacer malgré le silence, malgré le désir impérieux de taire l’indicible, dans l’urgence de vivre aujourd’hui et de survivre au passé ? Qu’est-ce qui le garde vivace en nous ? Parfois, un simple morceau de sucre… Sans doute aussi les mots simples du réconfort entendus lorsque le fil de la vie s’effilochait. Peut-être un air de musique, un morceau de pain, une idée ou un élan […]

Le morceau de sucre (N.Vincensini)



L’histoire de la famille Colonna d’Istria n’aurait qu’un intérêt anecdotique si, en filigrane, on ne pouvait y lire l’histoire de la Corse et celle du monde. Conflits et rapports de force qui ont marqué l’Europe et la Méditerranée, affrontement entre chrétiens et Maures, déplacements des routes commerciales, découverte de l’Amérique, guerres mondiales, colonisation, décolonisation : tous ces évènements ont laissé une trace dans le passé de cette famille. A la frontière de l’histoire et de la […]

Une famille corse, 1200 ans de solitude (R. Colonna d’Istria)



Martinu, rescapé de la grande guerre, reclus depuis de longue année dans un village abandonné de tous, recueille un jour un jeune garçon de l’assistance… son propre petit-fils, né d’un fils qu’il ignorait avoir survécu ! Le destin lui rendait au seuil de sa vie ce qu’il lui avait pris dans sa jeunesse. Le garçonnet de son côté, sauvé de l’orphelinat par un grand-père qu’il, espérait plus, grandirait désormais abreuvé aux racines familiales. De ce récit […]

« Babbò… » ou l’enfant retrouvé (G Benigni)



« Elle n’avait pas eu, comme toute autre, ces instants doux où l’on se sent aimé. Un cousin du village voisin, un été, lui avait fait sa cour. A l’automne il lui écrivait de Tunisie pour lui annoncer son mariage. Elle avait connu l’homme au détour du chemin, à la cave derrière les tonneaux, forcée ou sans envie. Elle eût voulu y gagner un enfant, comme certaines, un bâtard, qu’importe… Finalement elle mourut à l’âge de […]

La commémoration et autres récits (A Turchi)



L’ani tombu da sopra à u milinu – « on l’a tu » au-dessus du moulin », me contait ma grand-mère quand j’étais petit garçon. Elle tenait le récit de son aïeul qui était né sous le consulat, et l’avait lui-même reçu d’un lointain ancêtre. C’était comme si nous y étions : le cadre, les acteurs, le haro, le déchaînement, la trahison bien sûr et le prix du sang, rien n’y manquait. Je n’ai pas oublié, et c’est sur […]

La Corse comme elle vient (X Versini)



La transhumance se préparait quelques jours à l’avance. Il fallait laisser tout en ordre. Du pain biscuit en quantité et des réserves alimentaires étaient stockés dans notre maison d’Oriu afin que ceux qui devaient rester à la plaine durant les grands travaux des champs ne manquent de rien. Au moment de la fenaison, des blés à couper ou la vigne à traiter, on ne pouvait s’absenter pour aller en ville. La veille du départ, le […]

Fils et petits fils de berger en Alta Rocca (J.D Giovannangeli)



Le chemin des sources profondes « Gare de Lyon, sept heures trente du matin. Nous sommes le 27 octobre 1954. Le soleil n’est pas au rendez-vous. Piuvigginegha….il bruine sur Paris. Un camion de l’armée me récupère au pied de la grande horloge. Direction : Versailles. Ce n’est pas vraiment un jour pour flâner, d’ailleurs je ne verrai pas grand-chose. Cette ville si longtemps rêvée, cette Babylone, me fascinera, mais plus tard. Je vais avoir vingt-trois ans ; une […]

Le chemin des sources profondes (A Ciosi)



Une odeur de figuier sauvage. « Sous la treille aux raisins encore verts, juste à côté du jujubier, une meule à la retraite nous servait de table. J’entends encore l’incessant bavardage de la rivière, mêlé au bruissement du vent dans les branches du vieux noyer. Parfois le cri perçant d’un geai, l’oiseau le plus voleur de tous, faisait taire un instant le rossignol et la mésange à tête bleue. Même au plus fort de l’été, il […]

Une odeur de figuier sauvage (A Ciosi)



Dominique Culioli, le personnage principal de la Terre des Seigneurs, est né à Chera, petit hameau situé dans l’extrême sud de la Corse. Son père meurt alors qu’il n’a que treize ans. Désormais chef d’une famille nombreuse, il n’a plus qu’un objectif : sortir les siens de la misère. Gabriel Culioli, également auteur des Pierres de l’Apocalypse, en dépeignant ainsi l’existence des siens, a écrit le livre incontournable pour tous ceux qui veulent comprendre l’âme corse.

La terre des Seigneurs (GX Culioli)



Sur les arêtes du San Pedrone, les villages étirent leurs dos écailleux par-dessus la houle de châtaigniers. Un peuple singulier habite cette montagne. Il est composé d’hommes et d’arbres qui ont traversés les siècles, étroitement liés jusque dans leur déclin. Aujourd’hui, encore unis dans un même destin, les uns et les autres survivent, dans l’attente d’un possible regain. A leurs pieds, les fougères, elles, à chaque automne, font seulement semblant de mourir. Elles renaissent chaque […]

Gens et terre d’Orezza (L Alessandri)