A propos de Grossu Minutu


L’histoire de Grossu minutu

Sur la départementale 71, entre Piedicroce et Cervione, se trouve un charmant petit village du nom de Perelli-di-Alesani. Situé non loin d’Orezza, il est recherché pour la qualité et l’abondance de ses eaux minérales.

Mais tout visiteur se doit de rendre une petite visite à une petite maison en pièrres sèches de deux étages, contre laquelle s’appuie un escalier extérieur. Aujourd’hui, malheureusement abandonnée, on peut encore y voir au dessus de la porte principale, une niche, qui abritait il y a fort longtemps, une statue de la Vierge. Rien d’extraordinaire ne se rattache à cette demeure, hormis le souvenir d’un homme, dont le nom n’est ignoré de personne en Corse, Piétro Giovanni, surnommé Grossu Minutu .

Parler de la finesse d’esprit de Grossu Minutu est insuffisant, il est indispensable de le replacer, de le situer exactement dans le cadre de vie de son époque.

Piétro Giovanni est né en 1715 d’une famille d’une honnêteté légendaire, qui subits de cruels revers de fortune, au point que la misère devint le quotidien.

Après la ruine, le deuil. Piétro Giovanni est encore au berceau quant meurt son père. Sa mère a toutes les peines du monde à élever son fils unique dont la santé est des plus fragile; et au moment où, difficillement, il commence à s’instruire, sa mère meurt également.

Orphelin à douze ans, abandonné par ses proches parents, Piétro Giovanni ne trouve pas de consolation dans le présent, et n’aperçoit nul espoir dans l’avenir. Il sombre dans une profonde mélancolie.

Cette tristesse, associée à une irrascibilité congénitale, fait pourtant que le jeune Piétro se forge une philosophie hors du commun. c’est par des sarcasmes qu’il répond aux rigeurs de son indigence. Ainsi, ne pouvant éviter le malheur, il en rit! Et dans cette lutte implaccable contre le sort, s’il n’est jamais vainqueur, du moins, ne se déclare-t-il jamais vaincu…

Bien plus que l’adversité, c’est sans nul doute son aspect physique, (il est cétif et souffreteux) qui l’expose aux vexations. Mais son incroyable force de caractère lui forge une morale lui permettant de triompher en toutes circonstances.Piétro Giovanni ignore la peur, aucune criante ne réfrène son langage caustique, et les insolants trouveront toujours plus insolants qu’eux.

Tel est l’esprit de Minutu, mais aussi sa vie, ponctuées de joies et de peines.

Il voyage de village en village avec son âne, chargé de modestes marchandises qu’il vend avec peines. Il est l’objet d’un perpétuel défi, et partout on l’attaque. Bien que les rapports avec ses semblables ne sont qu’une suite de traits d’esprits et d’injures, l’homme est plaisant et c’est un travailleur infatigable.

Minutu est comme la plupart des habitants de Perelli-di-Alesani, partisan de Matra, mais après la mort de celui-ci, il profite de l’amnistie accordée aux vaincus pour suivre U BABBU (P Paoli). Au retour d’une expédition, la fatalité manque de lui coûter la vie, et cela dans de curieuses circonstances. Il est en effet, chargé par une femme, de remettre, dans le plus grand secrêt, une lettre à une personne qui demeure dans un village qu’il doit traverser. Minutu accepte la mission sans ce poser de questions. Arrivant dans le localité, il est arrêté par un détachement de patriotes qui le fouille et trouve sur lui la lettre en question qui est adressée à un chef rebelle. Voilà donc Minutu enfermé dans la prison de Bastiaoù il attende d’être jugé. Il aurait sûrement été condamné sans la providentielle présence dans ce lieu sinistre de Giovanni Guiseppe Cortinchi, aide de camp de P Paoli. Cortinchi étant originaire de Bozzio, il connait la réputation de Minutu et s’empresse de le faire libérer. Cet évènement aura pourtant une suite heureuse. Pascal Paoli est informé de cet incident et veut tout faire pour que Minutu oublie les longues journées de détention. Certains peuvent s’étonner de la familiarité que le Général de la Nation (P Paoli) a pour Minutu, mais qui donc ignore que les princes les plus illustres ont besoin d’hommes d’esprit qui réussissent de temps à autre a leur faire oublier ls froides et pénibles méditations de la politique.

Après tant de malheurs, Minutu trouve enfin un parti avantageux, une voisine qu’il épouse. De ce mariage, naissent deux filles et un fils nommé Carlo Mattéo, qui ne quitte que rarement la maison familliale et que l’on surnomera « le casanier ». Devenu veuf après dix ans de vie commune, Piétro Giovanni ne se remarie pas. Il vit heureux, non ps dans l’abondance, mais à l’abri du besoin.

Vers cinquante ans, Minutu prend de l’embonpoint, ce qui contraste avec sa légendaire maigreur. Embonpoint qui vas, bien sûr, lui valoir quelques moqueries supplémentaires. Au sobriquet de Minutu, vient s’ajouter celui de Grossu…

Grossu Minutu, étrange surnom pour un personnage….étrange. Malgré son grand âge et un certain comfort matériel, Grossu Minutu poursuit sa vie errante. Les années passent, et finalement, sans force et imfirme, Il rentre chez lui avec pour seule consolation l’affection que lui témoignent ses trois enfants.

A l’âge de 86 ans, à la suite d’une longue maladie, Grossu Minutu s’éteint à Perelli-di-Alesani. Jusqu’a sa mort, il n’aura jamais cessé de manifester son esprit subtil, car avant de rendre son âme à Dieu, il adressa son dernier bon mot à….la mort