A cette lointaine époque, c’était la coutume: le 12 mai, de nombreux habitants de Perelli se rendaient, qui par dévotion, qui par curiosité, à la fête de Saint-Pancrace-di-Bozio.
Cette année-là, malgré le froid, Minutu s’était mis en route avec d’autres personnes. Les femmes étaient les plus nombreuses. Toutes, espérant sans doute voir exaucer les voeux qu’elles avaient formulés, marchaient nu-pieds. Mais, pendant que le long cortège traversait la montagne de Muteri, une pluis fine obligea celles qui n’avaient pas de parapluie à relever leurs jupes sur la tête pour se protéger. L’une d’elles, moins pridente que les autres, entraîna dans son geste sa jupe et ses sous-vêtements. Et ce n’est qu’après avoir cheminé un long moment les fesses à l’air, que la malheureuse s’aperçut du ridicule de la situation.
Se tournant alors vers ceux qui la suivaient – et voyant parmi ceux-ci Minutu qui marchait en tête – elle laissa éclater sa colère. S’adressant à Minutu, elle lui reprocha sur un ton acèrbe:
-Et toi, espèce de porc, tu ne pouvais pas m’avertir!…
-Ma fille,lui dit débonnairement Minutu,je croyais que tu voulais montrer à Saint-Pancrace l’objet de tes péchés!…