Avec d’autres travaileurs journaliers, Minutu labourait les vignes du curé de Cervione dont l’avarice était proverbiale.
le vignoble étant procje de la paroisse, le prêtre s’en allait, dès la première messe célébrée, surveiller ses ouvriers. A l’heure de midi, il déjeunait avec eux, espérant ainsi que sa présence retiendrait dans les strictes limites de la frugalité ceux qui auraient été tentés de les franchir.
Chaque jour, on assistait à la même scène: à peine avait-on terminé la soupe que le pasteur prenait un imperceptible morceau de fromage, puis la dernière bouchée terminée en toute hâte, il se levait de table comme pour signifier aux autres d’en faire autant.
Minutu pensa- et c’était en fait la vérité- que le curé allait achever son repas ailleurs. Il décida de lui faire comprendre, une fois pour toutes, l’inconvenance de son procédé.
Ce matin-là, le déjeuner avait été expédié plus rapidement que d’ahbitude. Et le prêtre, pliant sa serviette, dit d’un air satisfait et en guise de métaphore:
-Maintanant, mon fils, nous pouvons cacheter notre lettre!
-Doucement, mon père,répliqua Minutu, il y a ici des gens qui en sont encore à « cher ami!… »
Puis prenant le plat qui était sur la table, il se servit et le fit circuler parmi ses compagnons.
La leçon avait été profitable. Jamais o, ne vit le curé de Cervione venir partager le repas des travailleurs…