L’ani tombu da sopra à u milinu – « on l’a tu » au-dessus du moulin », me contait ma grand-mère quand j’étais petit garçon. Elle tenait le récit de son aïeul qui était né sous le consulat, et l’avait lui-même reçu d’un lointain ancêtre. C’était comme si nous y étions : le cadre, les acteurs, le haro, le déchaînement, la trahison bien sûr et le prix du sang, rien n’y manquait.
Je n’ai pas oublié, et c’est sur la mise à mort de Sampiero racontée par des villageois qui en ont su le détail le soir même, et l’ont fixé pour toujours dans la mémoire locale où les textes officiels ont imprimé leur sceau, que j’ouvre ce livre, mélange se souvenirs, de passion et d’histoire.
Le reste est à l’avenant : relectures, découvertes, portraits, tableaux du Palais, billets d’humeur, admirations, dettes d’amitiés, jongleries, clin d’œil – avec en gros plan, Charles Bonaparte et ses fils, Joseph Fesch le Cardinal et Joseph Fieschi le régicide, les grandes figures de la Cour d’appel, Emmanuel Arène, Jean-Paul de Roccaserra et son ancêtre Abbatucci, Garde des Sceaux de Napoléon III, François Maglioli et Pascal Rossini, Moro et Campinchi, ornement du barreau français- il me restait encore, aux extrémités de mon âge, beaucoup de choses à dire sur la Corse. En voilà quelques-unes